Les cartes à jouer de Sanofi-Aventis
(Sanofi)
mardi 03 février 2009 | Publié 13:16 | Actualisé 13:22
Sanofi-Aventis
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Le secteur pharmaceutique est sous haute surveillance. Depuis l'acquisition de Wyeth oar Pfizer, les rumeurs ne désenflent pas sur les rapprochements potentiels entre les laboratoires pharmaceutiques. Entre ceux qui y croient et ceux qui n'y croient pas, toutes les options sont ouvertes.
D'autant que les prédateurs, disposant de cash suffisant pour se lancer dans des acquisitions, ne sont pas si nombreux. En effet, Novartis a déjà dépensé ses réserves de cash en avril 2008 en achetant 25% d'Alcon (spécialisé dans l'opthalmogie) à Nestlé pour 11 milliards de dollars. Une participation qu'il va pouvoir augmenter dès 2010 en prenant les 52% restants pour 29 milliards de dollars de plus. Bayer, pour sa part, paie toujours l'acquisition de Schering (pour 16 milliards d'euros en 2006) comme AstraZeneca qui digère son acquisition de MedImmune réalisée elle aussi en 2006 pour 15 milliards de dollars. Enfin, Roche est en train de lancer une offre de 40 milliards de dollars pour mettre la main sur Genentech.
Il reste deux candidats aux mégafusions: Sanofi-Aventis et GlaxoSmithKline. Ce dernier a martelé qu'il ne souhaitait pas se lancer dans de grandes opérations qui ne sont pas forcément profitable. Un point de vue partagé par nombre d'experts. "Les très gros deals ont été assez destructeurs pour la recherche et développement (R&D) et personne ne veut payer cher une cible qui connaît les mêmes problèmes de déficit de nouveaux produits dans son portefeuille dus à la perte de brevet et à la baisse de la productivité de R&D", explique un observateur du secteur.
Il ne resterait donc que Sanofi-Aventis. Le nouveau directeur général Chris Viebacher, un ancien de GlaxoSmithKline, vient de remplacer Gérard Le Fur. Sa mission est clairement de redynamiser la recherche et développement du groupe pour trouver des nouveaux relais de croissance. Et ces derniers mois les nouvelles n'ont pas été très bonnes: Sanofi-Aventis a arrêté les essais cliniques de son médicament phare, l'Acomplia (un médicament qui devait lutter contre l'obésité). Et le brevet de son blockbuster (produit qui génère plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires), le Plavix va tomber dans le domaine public.
Pour l'heure, et avant la publication de ses résultats le 11 février, le groupe ne veut pas commenter de possibles rapprochements entre groupes, mais selon le Financial Times, le directeur général aurait confirmé en interne sa volonté de poursuivre les acquisitions. Il n'en fallait pas plus pour placer Sanofi-Aventis sous le feu des projecteurs. D'autant que le groupe français a les moyens de participer activement à la consolidation du secteur. "Le laboratoire dispose d'une capacité de financement de près de 6 milliards d'euros par an et son endettement devient marginal. Le groupe peut donc lever jusqu'à quatre fois sa capacité de financement, un niveau qui correspond au financement de l'opération Roche/Genentech, et un tiers de la capitalisation boursière, soit 20 milliards d'euros peut être utilisé pour un échange d'actions. Sanofi-Aventis dispose théoriquement de près de 45 milliards d'euros pour des acquisitions", détaille un analyste.
Avec ce pactole Sanofi-Aventis a plusieurs options. La première: se lancer dans les mégafusions. Il pourrait de fait se payer Bristol-Meyers Squibb, qui est valorisé à 35 milliards d'euros. Les deux groupes son partenaire de longue date aux Etats-Unis et leur gamme sont complémentaires géographiquement sur le plan des produits et des classes thérapeutiques, dans l'oncologie, la cardiologie, etc. Il pourrait aussi se rapprocher de GlaxoSmitKline. Ou s'intéresser à Biogen Idec, valorisé 12 milliards d'euros, qui lui permettrait de se diversifier sur le marché des anticorps monoclonaux.
Autre possibilité: poursuivre sa politique d'acquisitions ciblées dans les biotechs, source de produits innovants, ou même dans les génériques. Sanofi-Aventis a déjà mis la main en septembre 2008 sur Zentiva pour 1,8 milliard d'euros. Une manière de contrer la montée en puissance des génériqueurs (fabricants de génériques). Une cible s'offre à lui: Ratiopharm, le cinquième fabricant de génériques mondial, valorisé à 3 milliards d'euros, qui vient de perdre son fondateur.
Le laboratoire peut aussi chercher à se renforcer dans les vaccins, l'une des branches les plus dynamiques du groupe. En 2007, les ventes de vaccins ont bondi de 14,5% à 2,778 milliards d'euros, contre une croissance de 1,7% à 25,2 milliards d'euros pour l'activité pharmaceutique. Sanofi-Aventis a déjà acquis Acambis pour 285 millions de livres et pourrait poursuivre ses emplettes sur ce marché. Là encore un morceau de choix est disponible: Crucell vient d'être délaissé par Wyeth qui lui a préféré Pfizer. La société néerlandaise est abordable: 2,5 milliards d'euros. De surcroît, Crucell n'est pas un inconnu pour Sanofi, les deux groupes collaborent depuis janvier 2008 dans la commercialisation de vaccins contre la rage.
Si Sanofi-Aventis a donc toutes les cartes en main pour bouger ses pions, il peut aussi faire le choix de ne rien faire. Une option malgré tout difficilement imaginable si le français veut rester dans le top 5 des laboratoires mondiaux.
Anne-Sophie Galliano