deel 2
En oncologie aussi?
L’immuno-oncologie fait l’objet d’un partenariat important avec Merck, avec lequel nous avons 17 programmes en cours. Et cette année, nous avons aussi lancé six programmes par nous-mêmes parce que nous pensons que notre plateforme est parfaite pour l’immuno-oncologie dans la mesure où elle permet de viser simultanément plusieurs cibles différentes.
Pour vous donner un exemple, avec Merck, la molécule la plus compliquée que nous réalisons relie sept nanocorps entre eux. Aucune autre technologie ne le permet. Le nœud de notre stratégie, c’est d’avoir des cibles multiples, d’avoir plusieurs opportunités, pas seulement parce que nous le pouvons, mais aussi parce qu’on se trouve dans une industrie où le risque d’échec est important.
On a parfois le sentiment que les sociétés biotechnologiques dépendent trop des grands laboratoires pharmaceutiques…
Nous avons pas mal de bonnes expériences. Si je regarde le cas le plus difficile, je constate qu’AbbVie nous a payé 175 millions de dollars et n’est propriétaire de rien.
CV EXPRESS
Edwin Moses est docteur en chimie, diplômé de l’université de Sheffield et titulaire d’un post-doctorat en chimie biophysique de l’université de Regensburg (Allemagne).
Président d’Ablynx depuis 2004, il en est devenu le CEO en 2006. En 25 ans, il a joué un rôle clé dans une quinzaine de biotechs européennes.
II a travaillé pour de nombreux poids lourds du secteur, comme l’allemand Evotec ou le britannique Amersham International.
Sous sa direction, Ablynx a vu son nombre d’employés passer de 20 à plus de 300.
Nous avons reçu sur notre compte en banque une somme de 175 millions de dollars que nous avons pu consacrer à explorer des molécules. C’est fantastique.
Les grands laboratoires apportent beaucoup de cash. Regardez ce que Merck fait pour nous en immuno-oncologie. Ils disposent en outre de capacités en matière de tests précliniques que nous ne pourrions même pas rêver d’avoir.
Il faut donc pouvoir accepter que de telles organisations procèdent de temps en temps à des réajustements et prennent une autre direction. Cela n’empêche que nous sommes aujourd’hui dans une bien meilleure position qu’il y a trois ans. C’est le résultat de leurs investissements.
La Belgique est-elle toujours une sorte de paradis pour les biotechs?
Pour moi, le fait qu’il y a aujourd’hui tant de sociétés présentes sur le marché donne une masse critique qui permet de faire la différence. Si vous avez une société perdue au milieu de nulle part, cela rend nerveux parce que si son travail ne porte pas de fruits, elle est susceptible de s’en aller. Ici, on a atteint aujourd’hui une masse critique forte, certainement comparable à ce qui existe à Cambridge ou à Munich, et de meilleure qualité.
Et il y a davantage de succès. En Flandre, où nous sommes implantés, le soutien du VIB (pendant flamand de Biowin, NDLR) nous est fort utile et nous aide à décrocher des succès aux Etats-Unis. S’ajoutent à cela des infrastructures excellentes. Tout cela nous a par exemple permis récemment de recruter deux collaborateurs en Amérique du Nord. Attirer de tels profils est un grand pas en avant. En général, les gens font plutôt le chemin dans le sens inverse.
Quel est le principal défi qui se pose à Ablynx dans les années à venir?
Le plus gros défi, c’est de pouvoir miser sur les bonnes cibles. Et quand on a choisi celles sur lesquelles on va miser, il faut pouvoir être suffisamment fort pour arrêter les frais aussi tôt que possible si l’on constate que cela ne fonctionne pas. C’est un défi permanent